Comment éviter la fessée ?

J’ai eu la possibilité d’aller témoigner de mon expérience de l’éducation non violente dans Les Maternelles. Le titre de cette chronique est le sujet de l’émission qui a eu lieu lundi 25 avril sur France 5, le replay est ici et je vous invite à  le visionner.

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Cette chronique reprend la trame suivie par les présentatrices, Sidonie Bonnec et Nathalie Le Breton, et a pour but de poursuivre la réflexion amorcée par celles-ci. Elle vous invite à répondre à leurs questions et me permet d’ajouter quelques informations que je n’ai pas eu le temps d’apporter.

1/ Dans quelles circonstances donnez-vous la fessée ?

Il est important de commencer par s’observer et noter les circonstances qui déclenchent ce phénomène. Vous amorcerez ainsi les prémices du changement. En effet, prendre conscience des situations qui engendrent une fessée vous permet de repérer en amont les signes qui indiquent que la fessée va arriver. Pourquoi faire ce genre d’exercices ? Parce que cela mettra en lumière que finalement ce ne sont peut-être pas les comportements de l’enfant qui déclenchent la fessée mais bien plus tôt votre état d’esprit. Cela signifie-t-il que votre enfant est irréprochable ? Pas du tout. Cependant cela peut vous faire réaliser que votre seuil de tolérance à ses frasques est variable suivant votre état émotionnel. Donc pas de panique, si vous êtes capable de trouver à certains moments une alternative à la fessée vous pourrez la trouver dans de plus en plus de circonstances en prenant simplement conscience que vous êtes maître de vos émotions 😉

Comme l’a indiqué le Docteur Marcelli, la fessée est bien souvent donnée dans deux circonstances. La première car elle semble avoir une vertu éducative qui pourrait rappeler la limite à ne pas dépasser. On verra par la suite si cette affirmation est fondée scientifiquement. Et deuxièmement la fessée est souvent pulsionnelle, elle est donnée lorsque le parent est sous tension, débordée ou pris dans l’excitation ambiante.

2/ Comment réagit l’enfant et que se passe-t-il dans sa tête quand il reçoit une fessée ?

Comme en témoigne Amélie T. qui est venue chercher un moyen d’éviter la fessée, lorsqu’elle donne une fessée à son fils de 3 ans celle-ci n’a aucune valeur. Elle constate que suite à cette fessée, il reprend inexorablement ce qu’il était en tain de faire.

Physiologiquement parlant, lorsqu’un enfant reçoit un châtiment corporel, il ressent de la peur ou de la honte. Son cerveau sollicite son amygdale et cela engendre une réaction de stress. Ainsi sollicité excessivement, il sera donc plus difficile pour lui de gérer les situations de stress ou de peurs.

3/ Que ressentez-vous au moment où vous donnez une fessée à votre enfant ?

Il est très utile de noter ici que presque tous les parents qui donnent une fessée à leur enfant ressentent de la culpabilité, qu’elle soit exprimée ou non, qu’elle soit acceptée ou pas. Car je suis convaincue que tous les parents comme vous et moi aiment profondément leur enfant et ne veulent que leur bonheur. Malheureusement ils sont pris dans un mécanisme dont ils n’ont pas forcément conscience et dont ils ne perçoivent pas toutes les conséquences. Soyez sûrs que vous pouvez faire autrement sans pour autant basculer dans le laxisme et sans perdre la face devant vos enfants.

Comme l’indique le Docteur Marcelli, il est important de se rendre compte que c’est l’excitation qui monte qui déclenche le phénomène des châtiments corporels. Il donne deux pistes pour faire baisser cette excitation : prendre un temps de repli, une mise à distance soit de l’adulte soit de l’enfant, tout en indiquant que ce moyen n’est pas une punition mais un moyen d’aider chaque protagoniste à retrouver son calme, puis amorcer un temps de réflexion qui permet de reprendre la gestion de ses émotions et ainsi d’éviter l’automatisme de la fessée de prendre le dessus.

4/ Pourquoi la fessée ne marche pas ?

Comme indiqué dans la question deux, tout ce qui fait stresser un enfant n’a aucune valeur éducative car la zone émotionnelle de son cerveau prend le dessus et l’empêche de réfléchir. Même la menace d’une fessée ou d’une punition est une source de panique. Le cerveau est sous stress, donc sous tension et il déclenche comme réaction soit de la violence, de l’agressivité, soit une fuite, soit un figement. La menace est quasi-impossible à gérer pour le cerveau car elle déclenche une phase d’attente qui met le cerveau sous-tension et cette tension ne s’arrête que lorsque la menace a été mise a exécution, le cerveau de l’enfant peut alors s’apaiser.

Olivier Maurel, auteur de « La fessée » écrit ceci au cours d’une interview qu’il m’a accordée et que vous pouvez retrouver ici :  » Le stress provoqué par des traumatismes (et la violence éducative est ressentie par l’organisme des enfants comme une agression) peut détériorer la partie antérieure du cerveau dont un des rôles est de modérer les réactions agressives qui peuvent s’avérer nécessaires pour l’autodéfense de l’individu. A partir de ce moment, les réactions agressives peuvent ne plus avoir de frein. De plus, une autre partie du cerveau, l’amygdale, qui est impliquée dans les réactions émotionnelles, est stimulée par les traumatismes subis. Ainsi, frapper un enfant, c’est un peu comme doper son moteur de violence et affaiblir ses freins.  Il n’est donc pas étonnant que dans les époques et les pays où la violence éducative est à un haut niveau d’intensité, les réactions individuelles et collectives soient d’une grande impulsivité et d’une grande violence. »

4/ Que faire lorsque la fessée est quand même arrivée ? Que mettre en place ?

Il est important de s’excuser. Cependant des excuses à répétition et sans changement de comportement parental n’ont aucune valeur. Ainsi, s’excuser et recommencer toujours le même phénomène n’est pas une bonne chose.

Donc s’excuser oui puis amorcer un changement. Petit à petit, les excuses laisseront la place à des encouragements et des félicitations. Oui sachez vous encourager et vous féliciter, car il est essentiel que vous en preniez conscience et que vous soyez fiers de tous les petits pas que vous ferez car ce sont eux qui vous permettront d’aller là où vous voulez aller.

Ensuite chercher des solutions dans des livres sur l’éducation non violente, Isabelle Filliozat est en tête, mais également Olivier Maurel, Catherine Dumonteil Kremer, Catherine Gueguen et sur des blogs, en ce moment j’aime beaucoup Apprendre à éduquer.

Et sur mon blog il y a une section Education non violente dans laquelle je répertorie toutes les chroniques que j’ai écrites.

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Selon moi, la meilleure des choses est de donner l’exemple à nos enfants. A chaque fois qu’il y a des tensions entre mes enfants ou avec moi, je rappelle à chacun que dans notre foyer, on refuse les violences. Je leur rappelle que l’on respecte leur corps, leurs émotions et cela a pour conséquence de réveiller leur capacité de réflexion. Je leur montre aussi que je suis également en proie à la gestion de mes émotions et je les soutiens dans la gestion des leurs.

Et puis revoir parfois les limites que l’on pose. Sont-elles absolument nécessaires ou sont-elles seulement la reproduction d’un système archaïque ? Savoir établir les règles de votre foyer, qui ne seront pas les mêmes que celles de votre voisine ou de votre soeur, mais qui reflètent vos valeurs, vos croyances et lâchez prise sur le reste.

Retrouvez le pouvoir des câlins et de l’écoute. Nos enfants ont souvent juste besoin de notre présence, de notre contact et ils cherchent dans le conflit un moyen d’avoir notre attention.

Pourquoi pas prendre contact avec une association de parentalité positive de votre région ? Soit par internet, soit directement, toute entraide est bonne à prendre 😉

Au besoin, je suis disponible pour vous écouter. Mon mail juliechroniqueuse@yahoo.fr

6/ Est-ce que l’éducation non violente est difficile ?

J’aime dire qu’éduquer un enfant reste difficile, comme toute chose nouvelle et d’autant plus que les enfants en grandissant passent par des phases de changement qui ne sont pas toujours connues des parents. Mais après tout, fesser ses enfants c’est également difficile, et ça n’a rien de très valorisant. Surtout qu’en devenant plus grand, les châtiments corporels ont de moins en moins d’emprise sur l’adolescent, tout autant que les punitions ou privations.

Il s’agit de savoir ce que l’on veut obtenir. Souhaitez-vous obtenir la coopération de vos enfants dans un échange où toute la famille y trouve son compte ou souhaitez-vous obtenir une obéissance soumise dans laquelle vous risquez de perdre beaucoup de batailles lorsque l’enfant grandit ?

L’autorité n’est pas à éliminer dans l’éducation positive, c’est l’autoritarisme qui est à éliminer. Dans l’éducation positive ce qui est difficile c’est que finalement les parents ne sont pas laxistes comme j’ai pu l’entendre, car ils fixent un cadre et des règles à leur enfant mais cela est fait dans le respect de leur personne et avec leur consentement.

7/ Est-ce que les enfants sont plus sages avec l’éducation bienveillante ?

Comme je l’indique dans l’émission, je n’aime pas ce terme « sage ». Après tout c’est un mot que l’on emploie que pour les enfants. Vous arrive-t-il de dire « Mon mari n’a pas été sage aujourd’hui, il ne m’a pas aidé à préparer le repas » ou alors « Mes collègues ne sont pas sages, ils ne font jamais leur travail à temps »… NON ! Alors pourquoi qualifier les enfants de « sage » ?

Mes enfants sont plus coopératifs, ils sont plus respectueux des règles de la famille, surtout l’aîné, car on ne peut pas avoir les mêmes exigences avec des enfants d’âges différents. En grandissant, j’ai remarqué que la coopération est de plus en plus facile.

Et surtout je réalise que mes enfants ont entièrement confiance en nous. Quand il leur arrive de transgresser une règle, ils ne s’en cachent pas, ils viennent nous dire ce qui s’est passé, ils n’ont pas peur de nous et nous confie leurs émotions et leurs ressentis en toute confiance. Et bien souvent ils tirent tout seul les enseignements de leurs bêtises… N’est-ce pas ce que chaque parent veut enseigner à sa progéniture ?

J’aime cette citation de Gandhi et je la trouve très pertinente pour notre sujet « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

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